Christian Chamorel Cité des Arts de Chambéry Vendredi 2 mars 20h00


Christian Chamorel, c’est d’abord un œil, un œil bleu perçant. Ce qui guide le pianiste lausannois, c’est son oreille, son éclectisme, son envie de se frotter à la musique avec un grand M: «J’ai un mode de fonctionnement différent de la plupart de mes collègues. Souvent, ils tranchent entre une carrière de soliste, la musique de chambre et le lied. Moi, j’ai besoin d’une activité diversifiée: ça participe d’un équilibre de l’âme.»


On n’ira donc pas chercher une bête de scène chez Christian Chamorel. Ses moyens pianistiques, il les met au service des compositeurs qu’il aime, Liszt, Schumann, puis des partenaires avec lesquels il travaille. On sent cette empathie dans son regard, bleu perçant mais doux. L’an dernier, il lançait un festival, Le Mont Musical, qui marie sa passion du lied et de la musique de chambre (lire ci-contre). «La tradition du Liederabend n’est pas courante en Suisse romande. Il y a des gens qui n’attendent que d’être convertis.»


Christian Chamorel ne joue pas dans la cour des grands, style Carnegie Hall de New York, mais il mène une jolie carrière dans des festivals en France (les Serres d’Auteuil), en Allemagne (Klavierfestival Ruhr) et en Suisse (Menuhin Festival de Gstaad). Son art repose sur de solides moyens, un beau sens de l’architecture, un phrasé ample. C’est un spécialiste de Liszt, qu’il a abondamment joué (récemment aux Lisztomanias à Châteauroux) puis enregistré (deux CD parus chez Gallo et Doron). Il n’a pas peur de se mesurer au démoniaque Après une lecture de Dante. Il évoque Mozart, ce compositeur qui lui a valu ses premiers émois musicaux. «Mozart est le compositeur vers lequel je reviens le plus souvent.» Peut-être en raison de la nature si vocale de cette musique: «On sent chez un pianiste s’il a une affinité avec la voix. D’autres sont naturellement lyriques.»


Un père «pianiste de jazz à ses heures perdues», une mère qui «chantait dans des chœurs»: on comprend que le petit Christian soit devenu musicien. A sept ans, il prend ses premiers cours auprès de Claire Grin, mère du violoncelliste François Grin, membre du Quatuor Terpsycordes. Il parle de son apprentissage comme d’une suite de révélations: le jeu des deux mains ensemble, la découverte des accords, l’idée de la polyphonie. A 12 ans, il entre dans la classe de Christian Favre à Lausanne, «nature expansive», «sens de la ligne», obtient un diplôme d’enseignement à 15 ans, un diplôme de virtuosité à 17.
Le Temps.ch


En écoute sur Deezerl'album de Christian Chamorel Liszt "Années de pèlerinage"




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