Le billet de Mado Venet: Dimitri et Julien Bouclier aux Classiques du Prieuré (concert du 28 août 2015)
Le 28 août dernier prenait fin la série de s concerts des
« Classiques du Prieuré » au Bourget-du-Lac présentée par l’
Association « Un Soir à l’Opéra ».
Un récital hors du commun que celui du duo des frèresBOUCLIER, Julien au violon et Dimitri à l’accordéon. Deux jeunes artistes déjà
de classe internationale et titulaires de nombreux prix.
Hormis les pièces de Piazzola, tous les arrangements des
œuvres quelquefois très connues ont été faits par leurs soins et montrent une
grande imagination non dépourvue d’humour.
Le programme débute par une élégante pièce du XVIIème
siècle signée Tomaso Vitali. Cette chaconne est une danse à trois temps,
apparue en Espagne à la Renaissance. Elle est suivie par l’Eté de Vivaldi
(1725) jouée avec maestria.
Un saut dans le temps et nous écoutons Astor Piazzola
dont on peut rappeler qu’il fut l’élève de Nadia Boulanger. D’abord son Ave
Maria dans une sublime interprétation et Violentango. Beaucoup de
Hauts-Savoyards dans le passé ont émigré vers l’Argentine. Nos deux artistes
ont dû recevoir des échos tant ils sont imprégnés des rythmes de là-bas
exécutés avec une grande précision et beaucoup d’esprit.
Suivra un Rondo Capriccioso de l’Ukrainien Vladislav
Zolotarev où l’angoisse est sous-jacente.
Accordéon solo avec deux pièces de la Renaissance qui
mettent tellement bien en valeur les innombrables possibilités et richesses de
l’instrument. Dimitri Bouclier maitrise toutes les variations de façon
magistrale et le public est médusé.
Victor Vlaslov a écrit beaucoup de musique de films. Il
vit en Ukraine et s’est inspiré de Soljenistyne pour publier ce
« Goulag » en quatre mouvements qui évoque de façon très prégnante
l’entrée au camp des prisonniers, la tentative d’évasion, les combats, dans une
lecture bouleversante.
Le programme est bien conçu puisque dans la foulée nous
entendons une délicate complainte qui porte le nom de « Révélation »
de Serguei Voïtenko. Le Libertango de Piazzola et l’Hiver de Chaliev terminent
cette magnifique soirée. N’oublions pas le bis de Richard Galiano.
Nous avons découvert ce soir le digne successeur de
Piazzola. Avec son frère Julien, ils vont continuer une éblouissante carrière à
n’en pas douter ! C’est François Bonnal qui disait un jour, qu’à son sens,
les accordéonistes classiques étaient les meilleurs musiciens du monde !
Mado Venet
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